Phan Boi Chau, figure respectée par ses compatriotes vietnamiens, est peu connu des Français. Et pourtant il a troublé le jeu colonial indochinois durant près
de vingt ans: de 1905 où il part pour le Japon jusqu'à 1925, date de son arrestation en Chine par la Police de la Concession française de Shanghai. Entre les lettrés du Can Vuong et Ho Chi Minh, il a incarné l'esprit de résistance à la domination coloniale mieux qu'aucun autre de ses compatriotes. Comme le disait fort bien le gouverneur Pasquier, il "cristallisait" le patriotisme vietnamien. D'abord, en liaison avec le prince Cuong De, partisan d'un régime monarchique, il évolua sous l'influence de Sun Yat Sen, proposant d'établir une république vietnamienne. En 1925 en Chine, quelques mois avant son arrestation, son chemin croisa celui du futur Ho Chi Minh. Phan, personnalité complexe, pensant un moment parvenir à libérer son pays dans le cadre d'une politique d'association avec la France, resta toujours hanté par l'idée d'indépendance nationale. Son histoire fut aussi, à un moment de sa vie, celle d'une occasion manquée de décolonisation sans violence.
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